Brian contempla son blog quelques minutes. Là, juste en dessous de sa page d’accueil représentant son esthétique du mois, trônait plusieurs liens menant à diverses pages plus importantes que ce qu'il écrivait habituellement. Parmi eux se trouvait ce que le jeune homme cherchait, cette pauvre page non-éditée depuis plusieurs années déjà et qu'il voulait enfin modifier.
« Qui se cache derrière RealityCheck ? »
Cet article, il l'avait créé une année et demi après la création de son blog. Au début, il était bien trop méfiant pour révéler quoi que ce soit sur lui, si ce n'est ses initiales. BB. Sa communauté, qui s'était agrandie au fil des ans, continuait encore et toujours de le surnommer comme ça. Pas que cela le dérange, loin de là, mais c'était toujours très bizarre de ne pas être nommé par son prénom contrairement à quand il hurlait à la radio et qu'un de ces collègues devait lui demander de se calmer.
Brian Barrett. C'était son vrai nom. Celui que ses parents lui avait donné quand il est né à Maillard, dans la région d'Unys. Il n'avait passé que très peu de temps là-bas, trop peu pour en avoir de réels souvenirs et y penser lui donnait une vague envie de voyager pour aller découvrir sa région natale. Aussi loin qu'il se souvienne, il a toujours vécu à Aarhus, la cité balnéaire de Rosetta. Ses parents avaient toujours adoré les villes bordant la mer et celle-ci n'y faisait donc pas exception. Et c'est pour cette raison qu'ils décidèrent de s'y installer, juste deux ans après la naissance de Brian.
Le jeune homme n'a jamais eu de gros événement marquant dans sa vie. C'était un enfant simple et curieux qui aimait jouer dehors avec ses amis tout en s'imaginant devenir le meilleur des dresseurs. Mais bien vite, la réalité s'installa dans l'esprit du garçon et en grandissant, c'est vers la communication qu'il se dirigea avec une certaine aisance. Il avait toujours ce côté sociable, comprenant facilement les gens qui lui faisaient face pour les aider du mieux qu'il pouvait. Mais Brian était un électron libre. Rester cloîtrer dans un bureau n'était pas son grand hobbies. Lui, il voulait bouger, parler de tout et n'importe quoi, raconter à tous son avis sur la dernière chanson de InFlux son chanteur préféré ou encore partager des informations sur le reste du monde. Et c'est d'une manière plus que soudaine qu'il se retrouva dans la radio.
Au début, ce n'était qu'une petite émission pour une radio locale d'Aarhus, rien de bien folichon. Brian se contentait de parler des nouveaux événements en ville avec sa collègue Tiffany et son surplus d'énergie semblait avoir un bon effet sur l'audimat. Mais avec le temps, l'ennui s'installa peu à peu dans le petit local et quelques tensions s'installèrent. Une sombre histoire de rivalité entre deux de ses collègues obligèrent Brian à faire des choix difficiles, quitte à sacrifier ses propres projets pour que la station radio ne coule pas. Et c'est comme ça qu'il commença son blog.
Quatre ans. Quatre ans que ce blog existait. Il y racontait majoritairement ce qu'il ne pouvait pas raconter à la radio, parlant de tout ce qu'il voulait sans avoir quelqu'un sur le dos la plupart du temps. Personne n'était là pour lui interdire telle ou telle chose, il était libre. Et parfois, il parlait discrètement de ce qu'il subissait à son travail. Il avait toujours ce côté sociable, comprenant facilement les gens qui lui faisaient face pour les aider du mieux qu'il pouvait.
Voyant qu'Aarhus ne lui apporterait rien de plus que de nouveaux ennuis avec des collègues se moquant royalement de lui et de ce qu'il souhaitait faire, Brian quitta la ville pour se diriger vers un endroit plus grand et plus étincelant. Neapolis
Ses débuts dans la ville lumière furent plus chaotiques que prévu. Il eut d'abord du mal à trouver un appartement en ville, si bien qu'il dû demander à un ami de l'héberger quelque temps. Puis se fut au tour du travail de se faire désirer, la plupart des stations de Neapolis ne cherchant pas de nouveaux sous-fifres pour servir le café aux animateurs. Et ce fut à ce moment que Brian retourna sur son blog, faisant passer quelques annonces de façon désespérée. Et au bout de quelques semaines, il reçut enfin le poste qu'il convoitait. Et ce fut à ce moment que Brian retourna sur son blog, faisant passer quelques annonces de façon désespérée. Sans attendre, Brian accepta le job, non sans demander rapidement l'avis de sa Viskuse qui lui servait de maman de secours.
Tout allait pour le mieux dans la vie de Brian. Mais comme chacun sait, quand tout va bien, il faut s'attendre à ce que la roue finisse par tourner. Et c'est ce qui arriva au jeune homme. Personne n'aurait pu prévoir l'accident. C'est ce qu'il se disait chaque jour depuis que ce dernier était arrivé. Personne n'aurait pu prévoir qu'un simple championnat puisse finir avec plusieurs blessés. Et notre animateur en fit bien entendu partit.
Il n'avait même pas voulu aller à cet événement, mais personne parmi ses collègues n'était libre pour y aller et ce fut donc à BB d’exécuter cette tâche ingrate. Oh, il avait pris beaucoup de plaisir à observer les combats et noter les stratégies des dresseurs sur son calepin, mais quand l'un des pokemons participant devint soudainement trop confus pour rester focaliser sur son adversaire, Brian fut celui qui se pris l'attaque du psychique. Un magnifique Psyko qui fit plus de dommage qu'on aurait pu le penser.
Le jeune homme se réveilla quelques jours plus tard à l’hôpital de Neapolis, seul dans une chambre beaucoup trop blanche à son goût. Les docteurs et infirmières se relayèrent à ses côtés pour en savoir plus sur son état, mais Brian était absolument incapable de prononcer le moindre mot. Et ce, pendant une semaine entière.
Quand sa voix lui revint enfin, l'animateur fut tétanisé d'entendre qu'elle n'était pas revenu seule. Il l'entendait très distinctement, comme un murmure beaucoup trop proche. Il y avait quelque chose d'autre. Il tenta d'abord de l'ignorer, pensant que c'était juste un petit symptôme qui partirait avec le temps. Un symptôme qui se fit plus fort et plus présent chaque jour.
Tout avait commencé avec un simple murmure incompréhensible, puis peu à peu, il se mua en une voix semblable à celle du jeune homme quoi qu'un peu plus aigu. Et elle commença, lentement, mais sûrement, à commenter chaque fait et geste de Brian, rendant se dernier complètement déboussolé. Ce n'est que quand son médecin et psychiatre lui expliquèrent qu'il comprit qu'il devait accepter l'existence de cette voix en trop. L'attaque psy qu'il avait reçue avait eu des répercussions sur son esprit, lui donnant l'hallucination d'une voix, d'une présence en plus à ses côtés, dont il ne pourrait jamais se défaire. On lui prescrit donc des médicaments, ainsi que des visites régulières chez le médecin pour observer son état.
Heureusement pour lui, Brian pu revenir travailler rapidement, jetant toute son énergie dans son travail pour ne pas avoir à penser à cette voix qui lui tiraillait l'esprit et à qui il ne pouvait s'empêcher de répondre. Il reçut, évidemment, beaucoup de messages de soutien ainsi qu'une ribambelle de questions quant à ses manières plus qu'étrange depuis son retour à la station et il eut du mal à véritablement cacher son état. Ce n'est finalement qu'au bout de plusieurs mois qu'il accepta véritablement ce qui s'était passé, créant un article spécial sur son blog pour expliquant aux gens ce qu'il avait vécu. Il ne pouvait simplement pas le dissimuler plus longtemps.
À son grand étonnement, la communauté créée autour de la station et de son émission comprit ce que le jeune homme avait enduré et il reçut de nouveau une tonne de mail de soutien, rendant sa boite mail temporairement hors d'usage.
Au final, deux années passèrent depuis l'accident et la popularité de Brian continua de grandir. Toujours à fond lors de ses émissions radio, toujours très présent sur son blog et toujours rempli d'une énergie pouvant faire pâlir les étoiles, le jeune homme continue d'avancer dans la vie, commençant des petits projets secrets sans en parler à personne. Tout en survivant à l'infâme présence de Payne, cette voix continuant de le suivre partout et qu'il finit par apprécier avec le temps.